Grande figure de la pensée du XXe siècle, partageant bien souvent dans les esprits le visage de la philosophie rigide mais lumineuse et celui de l’engagement social (confinant à un mysticisme dont elle ne se cachait pas), Simone Weil (1909 – 1943) a peut-être écrit parmi les plus belles pages sur la société, la religion et la politique de la culture française et européenne. Sa méthode et sa personnalité seront grandement marquées par son maître Alain. D’abord militante communiste (anti-stalinienne), elle connaît un premier mouvement d’engagement envers les ouvriers qui la mène à écrire ses premiers textes d’importance (Réflexions sur les causes de la liberté et de l’oppression sociale en 1934, la Condition ouvrière en 1937), mouvement dans lequel elle ne cessera de s’inscrire jusqu’à sa mort prématurée. Elle adjoint une dynamique religieuse à ses engagements et thèmes de pensée après avoir éprouvé la présence du Christ lors de ses premières expériences mystiques. De cette union féconde naîtront, en marge de carnets abondants, des textes inachevés ou fragmentés mais de très grande importance, comme Attente de Dieu (1942), La Pesanteur et la Grâce (1947, posthume) et surtout l’Enracinement (1949, posthume), avec lequel, par sa dimension contemporaine limpide, concise, ample, claire et sans compromis, nous avons choisi de démarrer avec gratitude les publications de RN.