Petit chef d’oeuvre de fantaisie et intelligence, ce roman (ou plutôt « nivola » comme l’appelait Unamuno) est l’un des plus connus de son auteur, à la charnière entre les XIXe et XXe siècles littéraires.
Œuvre de maturité d’Unamuno, Brume (Niebla) est sans conteste son roman le plus connu, quoique le terme de roman soit impropre : Unamuno lui préférait son néologisme de nivola, contraction de niebla et novela (« roman » en espagnol), pour décrire ses récits philosophiques avec lesquels il espérait s’éloigner de la veine réaliste qui a caractérisé le roman du XIXe siècle. Il y met en scène l’intellectuel Augusto Pérez et ses projets de conquête (assez risibles) d’Eugenia, une jeune femme qu’il a rencontré dans la rue, puis confronte directement le personnage et son auteur dans un finale marquant. Mêlant humour, ironie et questionnements philosophiques, ce récit est un chef d’œuvre de fantaisie et d’intelligence qui inaugure, à l’instar de ceux de Pirandello dont il s’inspire ouvertement, une partie du XXe siècle littéraire et pave une voie qu’emprunteront quelques décennies plus tard des auteurs comme Sartre ou Camus.
Nous le présentons ici dans une nouvelle traduction d’Antonio Werli, qui le modernise avec subtilité, accompagné par trois textes inédits qu’Unamuno a fait ajouter dans des éditions espagnoles ultérieures.
Grand philosophe, romancier, essayiste et poète, devenu classique en Espagne mais injustement oublié en France, Miguel de Unamuno (1864-1936) est l’une des grandes figures du début du XXe siècle européen ; son œuvre de philosophe pré-existentialiste et ses positions politiques courageuses ne doivent pas faire oublier son œuvre littéraire, à la fois angoissée, ironique, et drôle.